Présentation du village  avec une pointe de nostalgie

Je regarde le passé avec amitié en savourant le charme qu’il a laissé en moi  Françoise Héritier

Lesches-en-Diois, petit village rural du Diois (26), se niche, à environ 1000 m  d’altitude,  au centre d’un plateau agricole où alternent zones boisées et prairies, elles-mêmes destinées aux cultures (lavande, céréales, luzerne…) et au pâturage des troupeaux. Au XXème, chaque année en juillet, les coteaux ensoleillés étaient couverts de champs de lavande. Ce violet et le bleu intense du ciel du Diois, associés à la convivialité des journées passées à la ramasser faucille à la main et “tablier”dans le dos ou à la distiller dans l’alambic du village, ont laissé une empreinte forte pour tous ceux qui ont eu le privilège de participer à ces activités estivales.

été 1960 Ramassage Lavande

Malheureusement, aujourd’hui, la culture de la lavande s’est raréfiée pour des raisons économiques et surtout agronomiques. Peut-être renaîtra-t-elle un jour?

A Lesches, les ruelles se faufilent entre les maisons aux murs en pierres sèches ; c’est là où jadis, se déroulaient les courses des enfants, les poursuites, les parties de cache – cache à la sortie de l’école ou à la tombée de la nuit l’été.

Par ces ruelles passaient aussi les troupeaux de moutons et de chèvres menés  par le berger ou la bergère avec l’aide de leur chien, tout en semant, sur le sol encore caillouteux et herbeux à cette époque, les petites billes noires de la nature.

Au XX ème siècle, jusqu’au début des années 60, les familles, à l’automne et au début de l’hiver, avaient l’habitude de tuer le cochon ce qui était une occasion supplémentaire de se rencontrer et de festoyer, tout comme lors de la soirée du traditionnel «  bouillon », équivalent local des fiançailles, qui réunissait les deux familles et auquel étaient conviés les jeunes gens du village. Quels souvenirs !

Avec le temps, l’agriculture s’est transformée et si la charrette a survécu, elle n’est plus tirée par des chevaux ou des bœufs  mais par des tracteurs de plus en plus monstrueux et complexes.

En bas du village, le long de la route, s’étale la place du village, le Charel,  vaste pré bordé de tilleuls, qui maintenant encore en juillet, embaument ce lieu et font la joie des abeilles. En son centre, s’élance vers le ciel le peuplier immense, gardien  des secrets….qui se racontaient à mi-voix,  à l’heure de la sieste ou “à la fraîche”, les soirs d’été. En 1997, l’entreprise Chauvinc de Die procéda à sa taille pour lui donner un nouveau souffle et lui maintenir sa fière allure ; quoi de plus normal pour un arbre planté en 1848 et noté comme “arbre remarquable” dans le guide de ces arbres du département de la Drôme. Ayant résisté à la foudre il demeure le témoin de l’animation de toutes les fêtes du village et plus particulièrement de « LA FÊTE de la LAVANDE » qui, depuis plus de 60 ans chaque 15 août, se déroule sur cette place. En bordure de la route deux terrains de jeu de boules permettaient aux amateurs de “longue” puis de pétanque de s’affronter les jours de fête ou le dimanche.

Lilou pointe

De l’autre côté de la route, près du lavoir, il y avait aussi un autre peuplier planté en 1789  mais il n’a pas survécu à la terrible tempête du début de l’année 1984, affaibli par les coups de foudre qui n’épargnaient pas non plus son voisin.

A son pied, les hommes venaient y discuter et y faire la sieste après le déjeuner, avant de reprendre leur activité et chaque 15 août un autel était dressé pour la célébration de la messe.

A l’ouest du Charel, l’église Saint-Martin, restaurée aujourd’hui, est, elle aussi,  associée à de nombreux souvenirs, heureux et tristes.

Lesches-en-Diois Place du Charel

A l’extrémité est de la place, l’ancien bâtiment de l’école transformé à présent en gîte communal continue d’accueillir les locaux de la mairie.

A l’entrée est du village, en deçà  de la route nationale, une longue fontaine se cache sous une belle voûte en pierres. Elle a servi à des générations comme lavoir pour le linge, abreuvoir pour les chevaux, les moutons et les chèvres mais aussi pour l’alimentation en eau des familles et bien sûr ce fut un lieu privilégié d’échanges et de rencontres entre les villageois. Aujourd’hui, ses seuls services sont l’arrosage des jardins et quelquefois le remplissage des citernes mobiles pour l’eau destinée aux troupeaux.

De l’autre côté, à l’entrée ouest du village, le temple, témoigne de la double présence religieuse des  catholiques et  des protestants comme dans beaucoup de villages du Diois.

Le Temple

Au sud de cette place, de l’autre côté de la route, le Monument aux Morts rappelle les souffrances endurées jadis par les familles de ce village haut perché du Diois dont les deux guerres du XX ème siècle sont venues troubler la tranquillité.

Lesches-en-Diois Monument aux Morts CPA

Enfin, depuis toujours, la jeunesse leschoise a pu bénéficier d’un endroit pour se réunir, s’amuser et faire la fête. Au fil des décennies, ce fut tour à tour dans une petite dépendance en haut du village, à l’ancienne salle des fêtes devenue Le Bistrot, dans une grande pièce transformée en gîte communal vers le haut du village

et aussi dans une maison inutilisée et prêtée par A. Aubert, à l’entrée ouest, juste avant l’église, et à présent maison d’habitation.

Dominant ce plateau agricole, la montagne du PUY  culmine à 1550 m ; jadis la face sud, couverte de pâturages, était livrée aux troupeaux mais progressivement, l’herbe a cédé la place aux arbres et aux broussailles.

Derrière ce sommet, un tout petit hameau, Les Granges, a survécu grâce à la venue en 1940 de Marcel Legaut et à son courage. C’est le plus grand des hameaux de la commune avec plusieurs bâtiments et même une chapelle.

Les Granges 07.1968

Les six autres sont moins importants, se limitant surtout à un seul corps de ferme. La ferme du Cöet , “bâtiment Renaissance (baie à meneau)” *,était habitée jadis par la famille Oddon ; dans ce quartier ouest se trouvent des fermes isolées, celle des Villardons et de Guitard. En dessus de la route menant à Beaumont, la ferme de Pierretaillée était elle aussi, jadis, habitée et vivante. Plus loin en descendant, dans le vallon en contrebas de la route, tournait, aux XVII  et XVIII èmes siècles, l’ancien moulin à grains de Rodet, alimenté par la force motrice du ruisseau qui vient de la source de la falaise qui le domine et à proximité duquel se trouvait un cimetière familial. A ce propos, un 29 juillet, à la fin des années 1990, a été découvert un crâne dans le ruisseau de Michan ; après analyses scientifique et historique, il a été supposé qu’il pouvait provenir de cet ancien cimetière ou de l’occupation mérovingienne (V ème-VI ème siècle) voire de l’époque médiévale. Non loin, la ferme de Michan a connu, elle aussi, une intense activité aux temps jadis.

Au sud de ce plateau trône le dôme marneux  de Chaitieu aux caractéristiques ravines de marne gris-bleu.

Lesches-en-Diois Chaitieu vers 1910

Au fil des années, ces marnes se sont couvertes de broussailles, de genévriers  et de pins sylvestres mais restent, pour les  petits et les grands de chaque génération, l’ une des incontournables balades pour aller rechercher des fossiles.

Fossile semi-intact

Ce lieu est aussi porteur d’une forte charge affective pour tous ceux qui, ayant vécu leur enfance au village, gardent le souvenir  de leurs courses, glissades et chutes dans ces pentes marneuses avec, au retour, la réprimande des parents pour des vêtements déchirés ou des genoux écorchés suivie par l’indispensable toilette. Au temps où la neige tombait en abondance, ces pentes étaient de vraies pistes pour les descentes en luge.

La situation géographique privilégiée de ce plateau donne au ciel un bleu si profond, si pur, si transparent et, lors  des nuits claires, tellement constellé d’étoiles scintillantes qu’il fait l’admiration des nouveaux venus.

Que la rapide présentation de ce petit village puisse inciter chacun à mieux le découvrir en visitant l’ensemble du site.

  • Vallée de la Drôme et terres voisines Patrick Ollivier-Elliot Edisu                                   *

Le village de 1957 à 1967 (vidéo complète) – Commentaires René Péricard