Rôle des cultures vivrières et des petits élevages
Jadis jusqu’à la fin des années 1950, c’étaient les ressources essentielles qui permettaient aux familles de survivre tout au long de l’ année y compris durant les périodes hivernales n’offrant que peu de ressources naturelles. Par la suite, le commerce et les déplacements plus faciles ont permis de réduire cette dépendance même si le mode de vie ancestral a persisté encore des années.
Les légumes étaient cultivés soit dans des jardins potagers entourés de murets en pierre sèche au sein-même du village soit dans des prés, en pleine campagne, comme dans la zone fertile du “Clos” sur le flanc ouest de Chaitieu ; l’essentiel étant d’être le plus près possible d’un point d’eau, source, fontaine, ou puits.
En visitant le village, ces jardins potagers, toujours bien cultivés pour certains, peuvent encore être retrouvés.
Situés à proximité des habitations, ils permettaient la culture de légumes destinés à la cuisine quotidienne et surtout à la préparation de la soupe, consommée à tous les repas même au petit-déjeuner au tout début du XX ème siècle. Les légumes les plus courants étaient les poireaux, le persil, les choux, le céleri, les courgettes, les tomates, les aubergines, les radis… et surtout les haricots verts et secs conservés en bocaux stérilisés dans le chaudron. Dans ces aires cultivées, étaient aussi plantés des framboisiers, des mûriers ou des groseilliers dont les fruits étaient ensuite transformés en confitures ou en gelée.
A l’automne, toute la famille ramassait les pommes de terre qui, une fois triées et séchées, étaient stockées dans les caves.
Il convient de citer aussi les cultures destinées à l’alimentation animale (cochons et lapins) telles que celles des betteraves, des carottes fourragères, des choux…
Jusqu’à la fin des années 1950, les fruits saisonniers étaient apportés par les arbres fruitiers (cerisiers, pommiers, poiriers, cognassiers, pruniers…) dans la campagne environnante et même dans le village jusqu’à ce que les échanges commerciaux prennent de l’ampleur.
L’élevage des chèvres fournissait le lait pour la fabrication des fromages et la viande quant à la vache c’était pour le lait de consommation courante.
Celui des moutons apportait viande et laine ; chaque brebis était tondue une fois par an et la laine, lavée et cardée sur place, servait à confectionner les matelas ou même, tissée, à tricoter des chaussettes ou des vêtements.
Le cochon donnait du jambon, du lard et toutes sortes de charcuteries.
Les petits élevages de volaille et de lapins étaient destinés à la consommation familiale d’œufs et de viande. Pour une longue durée de conservation, les œufs étaient enfouis dans les greniers remplis de céréales. Par la suite, chaque semaine, il passait le coquetier pour acheter les petits produits de la ferme.
Les noix , après séchage sur des claies, étaient conservées pour être mangées tout l’hiver tandis que les moins beaux cerneaux étaient pressés pour l’huile de noix.
Quant au pain, il cuisait dans le four familial ou communal.
Quelques terrasses exposées au sud et situées dans les versants entre la falaise du “Rocher” et la vallée vers Beaumont, étaient plantées de vignes. Jusque dans les années 1960, les familles Miallon et Brunet ont continué à vendanger et à vinifier leur vin ; certes, ce n’était pas un grand crû mais c’était une tradition naturelle.
Toutes ces recettes, ces multiples savoir-faire issus d’une longue tradition familiale et locale transmise de génération en génération par la pratique ou la tradition orale représentaient une véritable culture paysanne au sens le plus fort.