L’église Saint Martin de Lesches-en-Diois appartient au patrimoine du village.

A l’est de la colline marneuse de Chaitieu se trouve un lieu-dit dénommé Saint Martin où aurait existé le premier édifice religieux du plateau (église ou chapelle?) si l’on en croit la mémoire leschoise. Sa disparition, comme de nombreux autres dans le diocèse de Die, ne serait-elle pas en lien avec les guerres de religion du XVI ème siècle? Certes, ce n’est qu’une simple hypothèse mais l’église actuelle datant de 1690, il est, en effet, illusoire de penser qu’auparavant le village vivait sans un lieu de culte, surtout à cette époque-là. D’ailleurs, le Père Froment, curé de Lucsouligne dans ses notes historiques que l’église Saint Martin de Lesches, tout comme celles de Sainte Marie de Beaurières, de Saint Pierre et Saint Christophe d’Aouste et de Saint Marcellin d’Embrun étaient propriété d’ Aurillac depuis la quatrième bulle pontificale du 2 mai 1119. Il existait donc bien une église avant que ne fût construite l’actuelle.

Aujourd’hui, l’église est située dans la partie basse du village, en bordure de la route D 175 et de la place du Charel.

Son architecture est sobre avec un corps de bâtiment allongé correspondant à la nef, auquel est accolé un narthex-clocher à trois étages.

Avant d’accéder à la nef, il faut donc passer la porte extérieure du rez-de-chaussée du narthex. Cette porte comportant un arc en plein-cintre retombant sur des pieds-droits, a été restaurée au printemps 2016 par une spécialiste installée récemment dans le village avec sa famille.

Au-dessus, se trouvent trois étages séparés chacun par une corniche et inégalement dimensionnés. Le premier est percé d’un oculus et le deuxième, à quatre pans fermés, supporte le troisième et son clocher. Sur chaque face du dernier, est aménagée une ouverture tout en hauteur et en plein-cintre, au-dessus de laquelle un cadran indique l’heure, lisible de très loin. Le ding-dong de la cloche égrené toutes les heures, mais un seul coup à la demi-heure, s’entend depuis les champs environnants et rappelle le temps qui passe.

Eglise Lesches

La nef est de conception simple : deux travées prolongées par une abside en demi-cercle. L’intérieur est relativement dépouillé et jusque dans les années 1960,  les femmes se tenaient dans la travée à droite et les hommes dans celle de gauche quant aux enfants ils étaient devant.

Voici la description que Patrick Ollivier-Elliot en donne dans son livre Vallée de la Drôme et terres voisines :

” L’église Saint-Martin présente une grande douceur intérieure, avec quatre beaux vitraux, des stalles en noyer, deux tableaux du XVI ème de Vierge, Jésus et Jean-Baptiste enfants, et une grande Remise de chapelet par la Vierge à Saint-Dominique et Sainte-Catherine ; sur cet inévitable tableau de la “reconquête” catholique du XVII ème siècle, quelqu’un a fait rajouter vers 1850 qu’il l’avait offert en même temps que des “objets du culte et la somme de 200 francs”!…

L’église a toujours fait l’objet d’une attention particulière et son entretien n’a jamais été négligé par les paroissiens. D’importants travaux de rénovation ont d’ailleurs été entrepris dés la Toussaint 1994 tant à l’extérieur qu’à l’intérieur ; ils ont été confiés à l’entreprise Rouit de Recoubeau pour la maçonnerie et à celle d’Emery de Luc-en-Diois pour les planchers. Quant au clocher, il a été entièrement restauré suivant les recommandations de l’architecte des Bâtiments de France qui a préconisé des tuiles vernissées et de la chaux naturelle. L’horloge, elle, usée par les ans, a été changée par les spécialistes de la société Pausin de Bourg-les-Valence.

clocher et son échafaudage

L’ensemble de cette restauration, d’un montant de 400000 francs, a été subventionné à 90% par le Conseil Général, la Sauvegarde de l’Art français et les Bâtiments de France notamment mais aussi par des dons privés.

L’inauguration de la nouvelle église a eu lieu le lundi de Pentecôte, le 05 juin 1995 (même date pour ce lundi-là qu’ en 2017 !), en présence du Maire Georges Reymond, du Président du Conseil Général, de nombreux élus du Haut-Diois et d’une foule de paroissiens. Après l’office concélébré par le Père Juvéneton, curé de Die, et le Père Maissonnet très attaché au village, ce fut au tour du Conseiller Général du canton et du Président du Conseil général de prendre la parole pour se réjouir du travail accompli. Quant au maire, cet événement fut pour lui l’occasion de faire ses adieux à toutes et à tous  après de longues années passées au service du village.

Arc-en-ciel sur l’église

Sur la face extérieure du mur de l’abside, côté route, est fixée une plaque métallique datant du Second Empire et indiquant les distances à des villages voisins..

Plaque fixée sur l’église

A quelques dizaines de mètres, en remontant la rue de l’église, se trouvait jadis le Café du village, point de ralliement des hommes avant et après les cérémonies religieuses ; cette proximité avait d’ailleurs suscité quelque polémique lors de son ouverture…

A l’extrémité de la rue, le curé du village a occupé jusqu’en 1956 la maison avec balcon représentée sur la carte postale.

Montée de l’église

Pourtant, ” dés février 1945, la paroisse de Lesches-en-Diois se retrouve sans prêtre. A l’ occasion de la première célébration dominicale sans prêtre, Légaut, animateur de la liturgie, sensibilise les membres de l’assemblée à cette nouvelle situation :

Pour la première fois peut-être depuis ses origines, la paroisse de Lesches est sans prêtre, habitant sur la commune…Devant nous, s’ouvre une période décisive pour la vie de notre village…” * Il ne croyait pas si bien dire…

Dans cette église ont été célébrées de nombreuses cérémonies tantôt heureuses et tantôt tristes et c’est en juin 1954 qu’a eu lieu la dernière confirmation en présence de Monseigneur l’Evêque.

Dernière confirmation juin 1954

*L’église de demain dans l’oeuvre de Marcel Légaut par Pierre Goudreault