Le temple de Lesches-en-Diois fait partie du patrimoine historique du village et de l’histoire du Protestantisme dans le Diois.
En effet, le département de la Drôme et en l’occurrence le Diois ont été marqués par les guerres de religion du XVI ème siècle et le Protestantisme.
Dés 1549, la Réforme est prêchée à Valence et au XVI ème siècle, Die est une place protestante. Après des dizaines d’années de guerre et de persécutions, le 13 avril 1598, l’Edit de Nantes est promulgué et l’Eglise Réformée obtient un statut légal. Vers 1604 à Die, il est dénombré environ 4000 protestants, trois pasteurs et une Académie. La ville est restée jusqu’en 1627 une Place de Sûreté parmi les quatorze du Dauphiné mais l’assassinat de Henri IV en 1610 replonge la région dans les persécutions, les exactions et les destructions de temples. Enfin, en 1685, c’est la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV qui contraint les membres de cette communauté religieuse soit à la conversion soit à l’exil suisse mais des assemblées secrètes vont entrer en résistance. Il s’ensuit de nouveau une longue période d’ atrocités jusque durant le XVIII ème siècle ; le prédicant de Die Louis Ranc, condamné à mort, est pendu à Die sur la place publique et la tour de Crest reçoit des prisonniers protestants destinés aux galères.
La Révolution de 1789 va rétablir les protestants dans leurs droits et leur assurer la liberté de culte. A cette époque-là, le département de la Drôme compte environ 35000 protestants dont la majorité est implantée dans les campagnes.
Lesches-en-Diois, bien entendu, a été à l’image du Diois avec deux communautés religieuses, protestante et catholique, bien marquées si bien que le besoin d’un temple s’est vite fait sentir puisque celui du XVI ème siècle avait été détruit en 1683. A une époque, selon certaines sources, les protestants auraient même été les plus nombreux.
Ainsi, le 05.01.1811, le Maire Jean Moulon adresse une lettre au Préfet de la Drôme pour attirer son attention sur le désir d’acquisition d’un édifice pour le culte protestant par la commune, en grande partie protestante dit-il.
Afin d’étayer sa demande, il précise que cette commune est « limitrophe de celles de Beaurières, Fourcinet, La Bâtie Cremesin, ces trois dernières professant le même culte » *. Il ajoute que, comme « il n’y a aucun édifice public dans aucune commune pour temple, par conséquent … un à Lesches deviendrait d’une grande utilité aux quatre communes »*. Il indique aussi qu’il a conseillé aux héritiers de Jean Daniel Joubert voulant céder leur bien de ne rien faire sans l’avis du Préfet ; lui-même demandant au Préfet « d’avoir la bonté de…dire la réponse, la marche qu’il y aura à prendre… »*.
Ce n’est que le 28 juin 1824 que l’ensemble des bâtis et du terrain devient enfin propriété de la commune après « délibération du Conseil municipal et autorisation spéciale de Sa Majesté »* pour l’acquisition à hauteur de 1100 francs ainsi que pour une « imposition extraordinaire de 600 francs en deux ans » *(ordonnance royale du 27 septembre 1822). En avril 1825, le Ministère de l’Intérieur octroie même la somme de 2400 francs « pour faciliter aux protestants de Lesches les moyens de terminer leur temple »*.
Les travaux ont été réalisés par ‘le sieur Vonony (?) Louis »* pour un montant de 1294.7 francs incluant les « 5 levées de cheval pour déblais à 5 frs l’une »*.
De nos jours, en venant de Beaumont-en-Diois, l’édifice peut être aperçu, à l’entrée du village, une centaine de mètres en amont de la route D175 et un peu en hauteur. D’une architecture massive et sobre, il est facilement reconnaissable à son clocher-mur ajouré.
Depuis la fin du XIX ème siècle, le nombre de protestants n’a fait que décroître et actuellement, dix lieux de culte sont dénombrés dans le Haut-Diois dont celui de Luc-en-Diois. A Lesches jusque dans les années 1960, le culte protestant était encore relativement vivant, notamment l’été lors du séjour au village d’un pasteur et de l’animation de la kermesse.
* Archives de la Drôme à Valence