La première charité d’un village c’est sa fontaine  Gaston Bonheur  Henri Quatre

Avant 1953, le village ne disposait pas d’eau courante et les villageois s’approvisionnaient aux différentes fontaines du village.

En haut du village :

A l’ouest, il y avait la fontaine du Four accolée au four banal devenu gîte d’étape ; elle était alimentée par une source située sous l’actuel premier réservoir d’eau sur le chemin montant au col Maur.

Gîte d’étape et fontaine du Four

Au nord-est, sur le sentier menant à “la mine”, se trouvait la fontaine du Brusc. Son débit était si faible que remplir un arrosoir ou un seau demandait de la patience et du temps mais qu’importe son eau était si pure. Elle était surtout utilisée par les villageois de ce coin d’en haut. D’ailleurs, un soir comme d’autres, la famille Armand-Rey avait demandé à deux petites cousines d’aller chercher le seau à la fontaine ; cette tâche ou plutôt cette corvée ne leur plaisait guère car elles n’étaient jamais trop rassurées dans la pénombre ou la nuit noire. Ce soir-là donc, alors qu’elles reviennent à la maison tenant chacune l’anse du seau rempli, elles entendent le galop d’un cheval et sont apeurées. Elles lâchent le seau et c’est en courant qu’elles arrivent chez elles, racontant qu’elles sont poursuivies par “le cavalier masqué” ! En effet, “la Mère Gertrude”  avait l’habitude de leur raconter des histoires extraordinaires comme celle de ce cavalier qui sillonnait les villages sur son cheval au galop et enlevait les enfants et les femmes…Brrr…L’une des deux cousines se souvient toujours de cet épisode et entend encore le galop ! Bien entendu, avoir gaspillé une eau si précieuse ne leur avait pas attiré des félicitations et pourtant si le “cavalier masqué” n’existait pas, ce soir-là un cheval s’était bel et bien échappé de son écurie !

fontaine du brusc

 

L’eau de ces deux fontaines était potable…alors qu’en bas…

En bas du village :

A l’entrée ouest,  il y avait le point d’eau du Gourle (en terme local c’est une source non captée qui forme une grand flaque d’eau permanente). Cette ressource était uniquement utilisée pour abreuver les animaux domestiques : chevaux, bœufs et moutons. Au retour du pâturage, avant de rentrer à la bergerie, les bergers y conduisaient leurs moutons ; de même que les voisins y emmenaient, matin et soir leur chevaux.

Rue du Gourle
petite rue , fontaine ancienne

A la sortie est, la Grande Fontaine avec son lavoir sous la voûte et ses deux bassins extérieurs où venaient s’abreuver, comme au Gourle, les animaux de la ferme.

Grande fontaine 2004

Ce lieu, centre de vie et de rencontres, est riche d’ images fortes : celles des femmes du village bavardant et papotant sous la voûte tout en rinçant ou frottant leur linge dans l’eau glacée, étendu ensuite dans les près alentour, celles d’ un troupeau de moutons autour des bassins avec le berger et son chien, d’ un fermier avec un ou plusieurs chevaux  ou d’un distillateur de la rue des alambics venant remplir ses seaux. Pour la Fête du 15 août, elle servait aussi à la pêche à la truite. Elle a été restaurée en 2006 grâce à un financement du département de la Drôme à hauteur de 80 % et à proximité un berger sculpté rappelle l’activité pastorale d’antan.

Le Berger de la grande fontaine

L’eau de ces fontaines situées en aval des maisons, des étables et des écuries était bien évidemment polluée si bien qu’elle a été accusée d’avoir contribué à l’épidémie de fièvre typhoïde de 1906. Le compte-rendu de l’enquête menée à l’époque est exemplaire des conditions de vie et d’hygiène en ces temps-là.