Jadis, une fois par semaine à une heure fixe,  le collecteur de produits locaux, appelé localement coquetier, installait sa camionnette devant le café Armand et signalait sa présence en klaxonnant longuement ; il lui arrivait aussi de faire un tour par le haut du village. Les paysannes arrivaient alors avec les produits de la ferme : des lapins, des poulets et des poules dans un sac de jute, des oeufs dans un panier d’osier, des chevreaux au printemps et quelquefois des peaux de lapins . En effet, quand un lapin domestique était tué pour la consommation familiale, sa peau était retirée avec délicatesse et  mise ensuite à sécher pour être vendue au coquetier.

Suivant les saisons, il collectait aussi des escargots, seulement les gros ” bourgognes” ou encore des champignons, tout particulièrement des lactaires qui faisaient l’objet de riches cueillettes dans les bois et bosquets alentour.

Les modiques sommes provenant de la vente de leurs productions permettaient aux ménagères de posséder  des liquidités pour les achats courants à l’épicerie du village : café, sucre, planches de morues salées, boîtes de sardines, chocolat ou autres denrées alimentaires de première nécessité ainsi que des produits d’ entretien pour la famille et la maison (savon…).

Grâce à sa tournée de village en village, le coquetier alimentait ainsi les marchés et les professionnels (pâtissiers, restaurateurs…) en produits fermiers, surtout en oeufs frais.

La traditionnelle visite de ce marchand ambulant s’est progressivement espacée à la fin des années 1950-début des années 1960 et a fini par disparaître avec l’apparition des poulaillers industriels…

Quel dommage qu’aucune photographie n’ait immortalisé ce métier révolu et méconnu !

NB : dans certaines régions, le coquetier était appelé cocatier, coquassier ou cocotier.